19/09/2021 @ 20:06:11:
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Freedelity]:
Episode 45 - Ce jour où je me suis senti sale
En un peu plus de dix ans, j'ai eu l'occasion de rencontrer nos législateurs à de nombreux niveaux, et à de nombreuses occasions. Petit retour sur une rencontre, qui symbolise assez bien l'état d'esprit de ces dernières années.
Etat d'esprit? De quel état d'esprit voudrais-je parler? De la vision de nos législateurs vis à vis des données, pardis! Mais commençons par le début.
Imaginez lors d'une rencontre avec un de nos responsables politiques, la discussion embraye autour d'un problème de confiance entre les médias et les entreprises traitant les données. Les sous entendus sont nombreux, le fait de traiter des données personnelles est vu comme une peste noire. Et c'est au cours de la discussion qu'on apprend qu'une récompense a un jour été discutée pour le développement de la société, mais que finalement, notre nom a été rayé car, vous comprenez, il y a un risque avec des données personnelles.
La remarque pouvait passer inaperçue, mais elle reflète finalement comment une poignée de personnes "bien pensantes" considèrent les sociétés travaillant avec des données personnelles. C'est une nécessité, mais publiquement, il faut éviter de s'afficher à nos côtés, car ce n'est pas à la mode, c'est risqué. En sortant du rendez-vous, j'avais l'impression d'exercer un métier sale, indispensable, mais sale.
Le sentiment est bien présent en Europe depuis des années, mais il s'est accentué depuis l'arrivée de la GDPR. Si une société capte des données personnelles, tous les voyants s'allument en rouge, comme si on comparait une société qui collecte et traite des données à une industrie historique polluante. Le data bashing serait-il lié involontairement au green washing?
Alors, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit, nous avons toujours essayé d'aller plus loin en transparence que ce que la législation belge l'imposait avant la GDPR, et il en est de même aujourd'hui. Une réglementation claire est importante, et la transparence également, mais l'énergie développée pour légiférer certaines dérives des GAFAs devrait également être utilisée pour soutenir et construire nos propres industries.
Des dérives des GAFA, certes, il y en a, mais l'Europe dépense sans compter pour légiférer en masse contre quelques multinationales alors que son tissu économique est majoritairement rempli de PME, et que le cadre aujourd'hui ne favorise pas l'éclosion de ces quelques PME pour devenir les licornes européennes dont nous avons tant besoin.
Des revendications? Certes, mais c'est le rôle du législateur de créer ce cadre positif, le mien est de gérer cette entreprise. Et j'espère qu'un jour, je n'aurai plus cette impression que nos dirigeants ont peur de ce que nous faisons, car c'est un beau métier, c'est une passion, et il est plus que temps que l'Europe pousse ses sociétés pour devenir les premières GAFA européennes.