Tour de France 2019
Publié le 15/11/2019 Dans PlayStation 4
Une base inchangée.

Très différent de la série de management Pro Cycling Manager, Tour de France 2019 vous propose de diriger non pas une des plus grandes équipes actuelles de cyclisme, mais un et unique coureur pendant les vingt-et-une étapes de la grande boucle, qu'il sera possible de jouer en intégralité cette année. Libre à vous de choisir votre cycliste comme vous l'entendez, tout en sachant qu'il faudra conserver la même team du début à la fin du jeu, soit tout de même 3480 km. Durant les courses, vous pourrez attaquer, contre-attaquer, protéger votre leader, faire des relais, et enfin lancer les sprints pour espérer décrocher le maillot jaune. Bien entendu, les épreuves ne se déroulent pas en temps réel (l'exercice aurait été très long), et il faudra environ trente minutes pour terminer le programme quotidien, voire moins si vous décidez d'activer le simulateur, sorte de pilotage automatique qui permet de jouer uniquement les moments qui vous intéressent (ou juste l'arrivée si vous êtes fatigué ...). La simulation de l'étape se fait en mode image accélérée mais il y a la possibilité de programmer exactement le moment où le joueur veut reprendre la course en main. Il peut cependant être frustrant de voir son poulain subir de terribles difficultés dans les portions où la console le dirige, alors que vous aviez réussi au préalable un très beau temps. Le jeu intègre des positions aérodynamiques assez réalistes (par exemple se pencher en avant lors d'une descente afin de gagner de la vitesse), la possibilité de faire des bordures lorsqu'il y a un vent violent de face, les pentes et les dénivelés sont désormais pris en compte pour être exploités par les coureurs, tandis qu'il est possible de voir des coureurs éliminés s'ils arrivent hors délai dans les étapes. Les ravitaillements n'ont pas bougé (avec deux rations génériques plutôt qu'un choix à faire), le régulateur non plus (un limiteur d'effort permet de gérer ses ressources énergétiques), tandis que vous pourrez jeter votre vélo pour gagner quelques dixièmes lors d'un sprint ou pour vous échapper sur la lignée d'arrivée.

Le jeu est licencié par Amaury Sport Organisation (ASO) et AIGCP (le groupe de coordination des équipes). Le titre de Cyanide intègre ainsi toutes les équipes cyclistes qui participent à la course, à l’exception de Team Ineos (l’ancien Team Sky). Ils sont représentés ici sous le nom de Team Sea avec un rapprochement approximatif du maillot. Les listes des équipes sont en grande partie intactes, bien que nous remarquions que les noms des coureurs ne sont pas tous comme ils devraient l'être. C'est peut-être une bizarrerie de la licence de l'AIGCP ou peut-être que les coureurs individuels n'ont pas donné leur permission spécifique pour que leur nom soit utilisé. Cependant, aucun des vélos ou des cyclistes ne sont présents, bien que l'ancien champion du monde Peter Sagan ait fait la couverture de la copie physique. Ce serait comme jouer à FIFA 19 si tous les joueurs se ressemblaient. Pour être honnête, cela brise l'immersion pour les fans de la grande boucle et soulève la question de savoir à qui s'adresse réellement le jeu. C'est un peu déroutant quand des hommes identiques se présentent sur le podium à la fin de chaque étape, seulement reconnaissables à la légende indiquant leur nom et le fait qu'ils ont un maillot différent sur eux. Tous les cyclistes professionnels ne sont pas des méditerranéens basanés, juste quelques-uns d'entre eux. C'est encore plus gênant au début d'une course lorsque la caméra fait un panoramique sur le peloton. Ils sont tous identiques avec le même rictus, à la limite de l'effrayant.

Un jeu complet ?

Vous pouvez modifier les noms des coureurs et des équipes, ce qui aide un peu, d'autant plus que les espaces réservés sont largement représentatifs des formations attendues par équipes pour la course elle-même. Bien que pour être honnête, cela ne change pas tellement le gameplay, surtout que tout ce que vous voyez pendant les courses est l’arrière du coureur. Vous pouvez même éditer les maillots des champions nationaux pour refléter le fait que la plupart des pays organisent leurs courses nationales le week-end précédant le départ du Tour. La licence ASO entre en jeu par le fait que d'autres courses qu'ils possèdent sont incluses ici en tant que courses de soutien, le classique Paris-Roubaix (alias l'enfer du nord) et le Critérium du Dauphiné. Le jeu peut également compter sur la présence du Tour des Flandres (Vlaanderen Classic), ou encore l'Euro Tour qui n'est pas disponible au départ. Vous pouvez également participer au Championnat du Monde, qui se déroule traditionnellement à l'automne de la saison en cours, et qui se déverrouille une fois les autres modes terminés.

Si vous n'avez jamais joué à un match du Tour de France auparavant, vous feriez bien de faire le tutoriel au préalable, car il passe par toutes les mécaniques que vous rencontrerez tout au long de votre carrière de pilote. Les courses elles-mêmes sont assez relaxantes et si on les laisse se détendre sans avance rapide, on peut dire que ça devient un peu ennuyeux. C'est comme si vous regardiez une course en direct à la télévision, mais sans pause publicitaire et sans les missives des commentateurs qui remplissent l'action autrement silencieuse. Vous contrôlez votre sportif avec L2 (freins) et R2 (pédalant), X permettant de sprinter en selle, cela n’est pas vraiment plus complexe que cela. L1 vous permet de régler vos efforts pour éviter que votre coureur ne manque d'énergie prématurément. R1 vous met dans une rigidité aérodynamique, ce qui est utile en descente au moins. Dans les épreuves contre la montre par équipe, vous pouvez passer d’un coureur à l’autre avec O, ce qui vous permet de garder le rythme. Une stratégie valide dans la réalité.

Une réalisation qui stagne.

Tour de France 2019 affiche des graphismes dans la lignée de l'édition précédente, et ne propose toujours pas de changement de météo. On notera une légère amélioration néanmoins, bien que le rendu ne soit pas vraiment représentatif des capacités de la console. Même si les environnements demeurent sommaires, le peloton apparaît dans son intégralité, le public est un peu plus vivant et les spectateurs sont toujours plus nombreux. Les décors sont également affinés, même s'ils ne sont pas toujours fidèles à la réalité, et les routes de montagne sont plus étroites. En revanche, les coureurs sont encore une fois tous des clones et les animations manquent singulièrement de précision. Cela ne perturbe que très peu la partie, il est vrai que la prise en main s'avère très accessible et remplit bien son office, malgré quelques raideurs dans les mouvements. Attention toutefois, une roue dans l'herbe, et le cycliste s'arrête net ! L'intelligence artificielle est assez réactive, vos équipiers n'hésiteront pas à s'exprimer, et il est même possible de s'allier avec des coureurs d'équipes adverses. On retrouvera également une gestion des collisions efficace, et qui apporte des situations extrêmement variées. PS4 oblige, il est possible de jouer sur la Vita avec la fonctionnalité Remote Play, le confort est assez convenable dans l'ensemble. En revanche, pas de prise en charge de la PS4 Pro à l'horizon.

La durée de vie occupera une bonne douzaine d'heures pour réaliser un Tour de France. L'ambiance sonore est toujours aussi plate, avec des musiques peu motivantes, et des bruitages très creux. Seuls les commentaires demeurent assez crédibles. La grande nouveauté de cet épisode vient pourtant du mode en ligne, permettant à quatre joueurs de se défier lors de courses courtes, une option encore assez capricieuse à l'heure actuelle. Le mode Défi vous permet de tester vos talents de descendeur sur une dizaine de cols, et peut être parcouru en multijoueurs. Il s'agit d'une bonne pratique pour la campagne principale, avec des classements en ligne et des médailles à gagner si vous obtenez un temps décent sur une descente. Ces petits événements sont bizarrement addictifs et leur instantanéité les rend un peu plus amusants que l'événement principal. Vous avez également le mode défi Sprint qui est juste cela, une série de sprints dans différents endroits qui permet de vous enseigner les techniques nécessaires pour performer dans la compétition. Il y a aussi les modes Pro Team et Pro Team Leader qui reviennent de l'édition 2018, ils sont un peu comme Be A Pro dans les jeux FIFA en termes de minutie. Ça étoffe un peu les choses, mais pour être honnête, il y a déjà beaucoup à faire, donc vous resterez occupé plus longtemps que les vingt et un jours de la course si vous le souhaitez.

VERDICT

Si Tour de France 2019 saura satisfaire les aficionados de la compétition, le jeu se repose un peu trop sur ses acquis. Malgré le changement d'éditeur (Bigben remplaçant Focus), ce n'est pas cette année que la licence fera sa révolution. Néanmoins, on appréciera le fait de pouvoir jouer l'intégralité des épreuves, une immersion toujours aussi excellente et quelques évolutions de gameplay bien venues, notamment du côté de la tactique. Toutefois, cette déclinaison console est encore loin de titiller Pro Cycling Manager.

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