Ouille ! (oui, on vous l'a déjà dit, nous sommes belges). Encore un gros mot dans nos chroniques. Entre nous, on n'est plus à ça près...
J'ai commencé ma carrière très classiquement (ou presque). Indépendant, je réalisais des contrats pour l'une ou l'autre société. Il va sans dire que socialement (et commercialement), je n'avais souvent que peu de contacts en dehors des personnes nécessaires à l'obtention du contrat et à la bonne réalisation de celui-ci. Du coup, peu de feedback négatif, et quasi jamais eu de confrontation. Une vie de rêve, quoi... Mais qui manque de challenge.
Il y a 5 ans, quand nous nous sommes dits, Marc et moi, que plutôt que de toujours bosser projet par projet pour des clients on pourrait en développer un par nous-mêmes, la roue a tourné. Nous avons rencontré des personnes enthousiastes, qui nous ont aidé à porter notre projet bien plus loin que nous ne pouvions l'imaginer, mais en même temps nous avons trouvé sur notre route des gens qui s'étaient d'office convaincus que nous n'avions pas les capacités nécessaires et que notre projet n'intéresserait jamais personne.
Et c'est là qu'un premier déclic a eu lieu. Je n'ai jamais apprécié l'opposition, et n'y avais jamais été confronté que d'une manière personnelle, rarement professionnelle. Donc quand une personne, bien placée, avec un bon réseau, vous annonce que votre idée est moisie, le soir même vous retrouvez seul face à votre feuille en vous posant un tas de questions. C'est là que l'entrepreneur doit se différencier de la masse, et se réveiller.
Les monsieurs non
Je me souviens de quelques cas spécifiques, qui resteront dans ma mémoire toute ma carrière. Le lendemain de notre première "descente en flèche", que pensions-nous à votre avis ? Exactement comme le titre de cette chronique : "Merde !". Digérer ce premier obstacle nous a demandé quelques jours, mais la colère et la frustration ressenties se sont rapidement transformées en détermination, en volonté de réussir encore plus fort que les jours précédents. Car oui, l'idée était bonne. Oui, nous en avions les capacités. et le simple fait de ne pas avoir l'une ou l'autre ligne dans un CV ne pouvait en rien permettre à une personne extérieure d'affirmer ce dont nous (je dis bien nous) n'étions pas capable. En quoi ces personnes peuvaient-elles se permettre de juger et de prétendre que nous n'étions pas à la hauteur de notre projet? Ou qu'il n'a aucune chance de réussir ? Quel intérêt ?
Avec le temps, on se rend compte qu'il y a une infinité de personnalités chez les personnes que l'on côtoie, mais qu'une constante revient souvent : ceux qui ne croient en rien, qui sont incapables de réimaginer le monde comme ils en ont envie, dont l'avenir est dicté plus par la peur que par l'envie de réussir, de progresser et de changer ce qui cloche autour d'eux. Ces gens ne méritent ni votre attention, ni votre temps, ni votre énergie. Et chaque confrontation avec l'un d'entre eux ne doit que renforcer cette conviction.
Bien sûr, il ne faut pas tomber dans le piège inverse. Il y a des avis négatifs qui sont très intéressants à considérer, parce qu'ils sont destructifs/constructifs, parce qu'ils vous apportent l'angle inédit auquel vous n'auriez jamais pensé, ou parce que, peut-être, votre idée est réellement foireuse. Mais au fil des années, vous commencerez à "ressentir" ces personnes, et vous éviterez quasi instinctivement celles qui vous sont nuisibles. Il faut garder la tête sur les épaules, éviter de croire que vous avez été touché par la lumière divine et avoir un comportement hautain. Il faut surtout rester attentif et à l'écoute du monde qui vous entoure.
Savoir retourner le négatif
Un état d'esprit continu, voilà ce qu'il vous faut. Je vais vous donner deux exemples, un privé et un professionnel, et vous comprendrez peut être mieux le message que j'essaie de vous faire passer.
Il y a quelques semaines, j'allais comme visiteur à un salon. Arrivé à l'entrée du parking, un homme âgé m'insulte copieusement et klaxonne sans arrêt car j'ai osé ne pas avancer assez vite, et qu'il a peur qu'une autre voiture prenne la place devant moi. Je lui fais un signe calme d'apaisement, et je continue simplement ma route, car je ne vois aucun intérêt à la confrontation et m'énerver n'a aucune utilité. Quelques minutes plus tard, l'homme s'en prend à un autre automobiliste, à tel point qu'une fois garé il sort de sa voiture pour invectiver et agresser verbalement ce pauvre automobiliste incrédule.
Témoin de la scène, je vois à quel point cet autre conducteur se demande ce qui lui arrive. Je me dirige vers lui pour lui expliquer qu'il n'est pas le seul a avoir été insulté, et que la personne en question doit être plutôt stressée (ou simplement conne, c'est une hypothèse très valable avec le recul). Sur ce, nous avons rejoint le salon ensemble, en évoquant ce que nous faisions dans la vie, et nous sommes tous les deux repartis avec la carte de visite de l'autre, heureux d'avoir fait une rencontre fortuite et utile. Et tout cela, grâce à un petit vieux qui insultait tout le monde sur sa route. Etonnant, non?
Deuxième anecdote : nous planifions des vacances avec une amie proche. Pour des raisons compliquées à expliquer ici, en toute dernière minute, nous nous retrouvons seuls dans la grande maison louée pour l'occasion, un peu déçus et un peu tristes... Après tout un trajet en faisant un peu la moue (ce qui est dommage pour partir en vacances) on arrive sur place, résignés à profiter de l'espace, tout en ruminant le regret des moments prévus.
Au final, plutôt que de passer les vacances en famille, nous avons mis ce temps à profit et ce grand espace pour revoir plein d'amis de la région. Nous n'avons pas passé un seul jour seuls, et alors que je termine ces vacances en écrivant ce billet, elles seront pleines de souvenirs. Certes, certains mauvais, car on ne peut pas ne pas tout mettre de côté, mais il y en a grâce à ce retournement pleins de bons, de très bons, et cela restera un souvenir intéressant. Toutes les situations, aussi mauvaises soient-elles, peuvent à un moment ou à un autre redevenir positives, il suffit de s'en donner l'occasion et le droit.
Personne n'est anodin
Je voudrais aussi ajouter un petit mot sur les personnes "de tous les jours" que l'on rencontre et que nous considérons parfois comme inférieurs parce qu'ils sont facteurs, serveurs, petites mains, ou que sais-je encore. Depuis toujours, mon père m'a inculqué que personne n'est inférieur, et qu'il est très important de faire preuve de respect vis à vis de toutes ces gens qui font en sorte que ce dont nous avons besoin au quotidien fonctionne sans friction.
C'est donc naturel, pour moi, de dire bonjour en souriant quand j'entre dans une poste, de saluer le livreur par son prénom, de discuter 2 minutes avec le responsable de la sécurité ou du stand ravitaillements dans un salon, ... Et vous savez quoi ? Personne ne le fait, du coup, si un jour vous avez besoin d'un verre alors que le stand est fermé, si vous avez besoin de déposer un sac à l'abri proche du garde sécurité, ou si vous avez besoin d'un colis alors que vous n'êtes pas là, ... tout cela devient possible ! Toutes ces personnes sont adorables, serviables, et pour peu que l'on s'en rende compte et que l'on considère parler à des êtres humains et non à des robots/esclaves, tout devient possible !
Ce n'est pas facile...
Non, tout cela n'est pas naturel, on doit souvent se forcer à réagir, et ne pas se laisser aller quand on a une mauvaise nouvelle. Mais avec une bonne dose d'impulsivité et de folie, on peut retourner presque toutes les mauvaises situations en quelque chose de positif. Certes ce ne sera pas forcément ce que l'on espère, ce n'est pas toujours ce que l'on avait prévu, mais... Les résultats dépassent souvent les attentes, mais différemment.
Essayez d'adopter un comportement positif et constructif au jour le jour. Et ... on en reparle dans quelques mois!
Sébastien
Dernière édition: 10/04/2014 @ 18:00:00