J'ai omis de vous donner une précision, dans l'enthousiasme des premiers textes : je n'ai pas l'intention de faire des critiques uniquement positives. Il est évident que je n'ai pas envie de m'ennuyer, donc je choisis toujours des livres qui m'inspirent . Jusqu'à présent, j'ai eu de la chance, ils m'ont tous plu. Mais le jour où je choisis un livre qui, à la lecture, me déçoit complètement, vous serez les premiers à le savoir.

Voici les sélections de la semaine :

1. L'album

"Le rendez-vous de la petite souris" de Christine Naumann-Villemin, 2005 (j'ai pas trouvé de bio convenable)

En résumé : C'est une première ! Un chat a perdu une dent ! Celui-ci s'appelle Grizzli, et il n'a pas perdu sa cervelle en même temps. Il s'empresse d'écrire une lettre à la petite souris afin de lui demander de passer lui apporter des friandises, ceci avec l'intention peu avouable de la croquer en même temps que les caramels.
Léocadie (dite "la petite souris") lui répond par retour du courrier. Elle a beau être une sportive, elle n'est pas folle au point de prendre des risques inconsidérés. C'est qu'elle a 82 bouches à nourrir à la maison ! S'en suit alors une correspondance de persuasion entre les deux protagonistes, jusqu'au moment ou Léocadie se laisse convaincre. Elle apportera les caramels à Grizzli, mais à ses conditions à elle. Et comme les souris, c'est malin aussi, elle a prévu un plan B si le chat tente malgré tout de la dévorer toute crue : elle s'est parfumée...à la moutarde piquante !

Age : Quand on commence à perdre ses dents ! Ou en prévision, soit vers 5-6 ans, voire jusque 7 ans.

Mon avis : Cette fois, c'est la trogne du chat sur la couverture qui m'a donné envie de voir ce qu'il y avait à l'intérieur. Et l'intérieur a valu le coup.
L'échange de lettres avec négociations à l'appui est à se tordre, et l'album se termine dans le même ton avec une série de petites annonces passées par Grizzli dans tous les journaux du coin afin de se venger de la petite souris. Je vous en cite une pour l'exemple, parue dans "L'hebdo du Matou" : "Chat souhaite rencontrer chat ayant déjà mangé une souris pour amitié et conseils".
Un trait qui m'attire très souvent dans les albums pour enfants, c'est quand ceux-ci combinent une histoire intéressante ou marrante pour les enfants, avec un clin d'oeil aux parents en même temps. Ca permet de ne pas trop s'ennuyer en racontant l'histoire au gamin, surtout quand c'est (hé oui) la 25eme fois qu'il vous la demande. Cette double cible (petits et grands) est incontestablement présente dans cet album, donc, un bon point pour lui !

2. Le roman enfants

"Bonjour les artistes" de Thierry Dedieu, 2004 (infos biographiques)

En résumé : Philibert du Plessis a déjà une galerie d'art à Paris mais, en mécène intéressé, il projette d'un ouvrir une autre à New-York, la cité la plus "hype" de l'art actuel. Il commande donc des oeuvres aux artistes les plus en vogue du moment. Evidemment, une foule de complications s'en suit. Car les artistes, de nos jours comme de tous temps, sont des êtres compliqués, capricieux et colériques. Chacun d'entre eux se réclame d'un courant ou, plus précisément, d'un maître en la matière.
Ainsi, le dénommé Ducasse admire Matisse, mais abhorre Papoulika, qui elle "vénèrait De Staël, mais ce qu'elle détestait le plus, c'était la peinture abstraite et [...] Bob Guyonnet". Le Bob en question a pour idole Rothko. Et ainsi de suite. Tous les artistes destinés à être exposés dans la nouvelle galerie se détestent cordialement, tout en étant persuadés d'être chacun un maître en la matière.
Le jour du vernissage, c'est à qui rouspètera le plus. L'un trouve qu'il n'est pas bien éclairé, l'autre que la toile du voisin est plus mise en valeur, etc... Cela dégénère en bagarre générale avec barbouillage des murs..."alors, on fit venir un peintre, un vrai." (avec un rouleau et une salopette).

Age : De 7 à 11 ans, à peu près, encore que je ne sois pas sûre de mon choix. Je vais y réfléchir encore, mais ça fait une semaine que je tergiverse

Mon avis : Il ne s'agit pas à proprement parler d'un roman, d'abord car il est présenté sous forme d'un album de grande taille, ensuite parce que les données documentaires prennent le pas sur la narration. En effet, l'histoire du vernissage n'est qu'un prétexte pour passer en revue les principaux acteurs qui ont fait de l'art contemporain ce qu'il représente dans nos esprits néophytes.
L'histoire de Philibert est suivie par une présentation brève et accessible de chaque artiste "référence" évoqué dans l'histoire, photo d'une oeuvre à l'appui. Pour n'en citer que quelques-uns, outre ceux déjà mentionnés : Giacometti, Brancusi, Panamarenko, Doisneau, Dubuffet entre autres, sont ainsi mis à la portée des enfants.
Par contre, je ne sais absolument pas si les artistes vivants présentés dans l'histoire sont des personnes existantes ou s'ils ont été inventés pour l'histoire. A vous de me le dire !
En conclusion, j'ai été séduite par l'approche simple et accessible de l'art contemporain, pas toujours facile à expliquer aux enfants, surtout quand nous manquons nous-mêmes de notions élémentaires ! Point négatif : les illustrations de l'histoire proprement dites sont franchement moches (ce n'est que mon modeste avis) mais c'est peut-être fait exprès pour être complètement dans l'esprit artistique du livre

3. Le roman ados

"Maestro"de Xavier-Laurent Petit, 2005 (bio)

En résumé : Saturnino, 14 ans, survit comme cireur de chaussures dans une grande ville d'Amérique latine (il n'y a pas d'indication claire sur le pays), avec sa soeur de 7 ans, Luzia, et son ami Patte-folle aux jambes déformées. Comme des centaines de pilluelos, ils se débattent entre la nécessité de manger, de dormir et de ne pas tomber aux mains des macacos (miliciens) qui patrouillent dans la ville.
Un jour, leur vie à tous les trois bascule suite à la rencontre du "vieux". Ancien chef d'orchestre de renommée mondiale, il les prend son son aile, les emmène à la Escuela Municipal de Música et leur fait découvrir la beauté de la musique classique.
Bientôt, ce sont dix, puis vingt, puis soixante gamins des rues qui fréquentent plus ou moins assidûment, selon le degré d'engouement dont ils font preuve, l'école de musique. Saturne, Luzia et Patte-folle sont là tous les jours, mais la vie n'est pas simple pour autant. Entre le sargento, horrible macaco qui lui flanque la trouille de sa vie à chaque fois qu'il le croise, et la nécessité de protéger sa petite soeur, Saturnino ne trouve qu'un réconfort mitigé dans la musique pour laquelle il se dévoue corps et âme.
La mort de Patte-folle, l'incendie de leur école et le pillage des grands-magasins sont autant d'épreuves qu'il traversera avec ses amis et, surtout, avec l'éternel soutien du "vieux" qui ne faillira jamais à sa promesse de veiller sur eux.

Age : A partir de 11 ans. Et je ne donne pas de limite supérieure car je pense que ce livre peut intéresser un public de tous âges, même s'il est clairement destiné aux adolescents.

Mon avis : Oserai-je vous dire que j'ai choisi ce livre par "devoir" ? Non, quand-même, nous n'en sommes pas à ce point là, mais mon choix s'est porté sur ce livre de manière plus objective que d'habitude car j'ai pensé que ce serait un bon livre à critiquer, pas le genre de bouquin que j'aurais pris, juste pour moi. Et puis j'ai souvent tendance à me diriger vers des livres "de filles", comme je les appelle, or si je fais des critiques, j'aime bien avoir un public mixte.
Bref, tout ça pour dire qu'au vu du résumé, l'histoire ne m'emballait pas trop. C'est certainement égoïste, mais quand je lis, c'est pour m'évader, pas pour me pencher sur les misères du monde.
Et je me suis encore fait avoir ! Dès les premières pages, l'histoire est captivante, les personnages attachants, le ton plein d'humour et le récit bien construit.
Sur ce coup, un sérieux coup de chapeau à l'écrivain, sur la forme, c'est vraiment une réussite. La construction des phrases, le chapitrage, le rythme des mots, vraiment c'est un plaisir de lecture, au delà du récit en lui-même.
Sur le fond, je me suis étonnée d'être tant captivée par l'histoire, puisque, je vous l'ai dit, le thème m'était assez indifférent. Eh bien voilà, c'est très agréable des surprises de ce genre. Ca confirme que je ne vais pas m'arrêter de lire de sitôt !
Un sérieux bémol tout de même (je ne peux pas être dithyrambique tout le temps) : la fin en queue de poisson qui fait sérieusement se demander si ça valait la peine de lire les 188 pages précédentes. J'ai été clairement déçue de cet épilogue qui ne ressemble à rien alors qu'il y aurait eu tant de possibilités plus attrayantes. Mais celle-ci, par sa banalité, est sans doute plus proche de la réalité quotidienne de ces gosses orphelins qui font les marchés aux touristes pour trouver de quoi manger