Publié le 23/07/2024 Dans PlayStation 5
Innovation hybride.
Il n'est pas facile d'apporter de la nouveauté sur le marché, surtout si l'on est une grande entreprise qui tire des millions et des millions de revenus de franchises historiques. Ces dernières années, nous nous sommes habitués à ce que l'innovation soit presque toujours confiée au marché indépendant, qui, au mépris de la dynamique de l'industrie, pouvait se permettre le luxe de l'expérimentation. Lorsque ces coutumes échouent, inversant la dynamique, des projets potentiellement mémorables voient le jour. Kunitsu-Gami : Path of the Goddess s'inscrit dans cette lignée. Le titre de Capcom est un concentré d'originalité et d'expérimentation, un produit clairement pas pour tout le monde, qui cache derrière son charme kaléidoscopique, un amour spasmodique pour le folklore japonais. Kunitsu-Gami : Path of the Goddess n'est pas un jeu comme les autres. C'est un titre qui hybride des mécaniques qui peuvent être abordées dans d'autres genres, comme placer des pions sur le champ de bataille et protéger la " Tour " pour éviter d'être vaincu, mais qui, tout compte fait, ne correspond à aucun de ces genres : stratégie, tower defence, rouguelike. Kunitsu-Gami est l'histoire d'un voyage, un voyage pour nettoyer le Mont Kafuku de la corruption. Vous incarnerez Soh, la lame de la prêtresse Yoshiro, seul bastion d'une normalité perdue. Ce qui vous attend au niveau ludique, c'est un cycle de combat, de positionnement et d'amélioration des pions qui vous aideront (les habitants des différents villages) alternant avec des phases de gestion du camp, dans lesquelles vous vous améliorez, personnalisez vos compétences et réparez les bâtiments. Et si cela peut paraître peu, nous vous assurons que le voyage dans Kunitsu-Gami : Path of the Goddess est bien plus que cela. Il n'est pas possible, en 2024, de vous proposer une liste de courses classique. Malheureusement ou heureusement, Kunitsu-Gami : Path of the Goddess décide d'innover, de réinventer, de proposer et de bousculer le marché. Ainsi, décrire Kunitsu-Gami : Path of the Goddess comme n'importe quel autre titre serait réducteur du travail accompli. D'ailleurs, l'esprit de ce titre de Capcom est précisément de tenter d'être une voix hors du chœur.
La première approche de Kunitsu-Gami : Path of the Goddess s'est faite de nuit. L'une des premières nuits d'été de cet étrange période. D'après ce que nous avions vu dans les bandes-annonces, le jeu ressemblait à un hybride particulier de tower defense et d'action stylisée à la sauce Capcom. La marque de fabrique de la société japonaise était évidente, mais quelque chose ne collait pas. Le début du jeu a dissipé tout brouillard, l'incipit initial était envoûtant. Ce tourbillon de couleurs ne cessait de s'assembler en images caïdales. On se serait cru devant des mosaïques médiévales sur des rosaces anciennes. La danse de Yoshiro contrecarre le mal, les premières dynamiques narratives commencent à émerger et le jeu laisse entrevoir des bribes de folklore. Ce qui nous a frappé, ce n'est pas tant le design des monstres, démons et créatures menaçantes, mais le soin particulier apporté aux masques. Pour information, le masque a une grande importance dans la culture japonaise. En fait, depuis le 6e siècle, les rituels, les cérémonies et les uniformes incorporent des masques avec différentes significations. Kunitsu-Gami : Path of the Goddess propose la danse comme élément d'un rituel de purification, c'est pourquoi cet élément a fait l'objet d'un soin tout particulier. Le masque n'est cependant pas un simple élément de contextualisation narrative. En effet, chaque habitant a un rôle bien défini dans le gameplay et celui-ci est décidé par le joueur. Le masque n'est pas seulement une indication du rôle, passant par exemple d'un bûcheron à un archer, mais aussi un symbole du niveau du pion, devenant plus ou moins poli au fur et à mesure que l'on monte en niveau. Le sens de la communauté nous a fait réfléchir entre deux rafales de vent chaud. Nous avons terminé la soirée en pensant à la façon dont la gestion du temps dans Kunitsu-Gami : Path of the Goddess était liée à la communauté. Capcom a essayé de reproduire non seulement artistiquement, mais aussi de manière ludique la dualité entre l'oppression et la force du groupe. Le début du jeu est presque claustrophobe. Le sentiment d'oppression est en effet très fort en raison de la puissance de l'ennemi. Au fur et à mesure que le joueur progresse, débloque des pions et des compétences, le jeu devient un crescendo de possibilités et de couleurs. Danse et action, musique et couleurs.
Une danse brisée.
Il nous a fallu quelques heures pour assimiler cette idée, notamment parce que nous n'avions pas compris au départ que la réparation du village nécessitait de faire des tours de combat. Ce blocage initial nous a permis de nous concentrer sur les détails du combat. Au fond, on est poussé à faire partie intégrante du rituel, à danser au rythme de la musique. Y, Y X X, Y, Y X X, Y. Un rythme rapide qui évolue en fonction des capacités et des bonus débloqués. En comprenant la clé de décryptage du gameplay et en entrant en résonance avec la composante ludique, nous avons eu l'impression de virevolter à notre tour. Mais l'extase a été brisée. La composante boss est très particulière. Les affrontements sont uniques et originaux, mais ils rappellent à l'échelle les affrontements de Monster Hunter. Vous êtes petit et minuscule face à des monstres de taille immense. Et c'est là que Kunitsu-Gami : Path of the Goddess nous laisse perplexe. La sensation d'atteindre le climax nous a conquis, soutenu et même immergé dans un excellent unicum. Cependant, une fois le point culminant atteint, les combats de boss restent presque sans conclusion. La danse qui avait rempli les premières heures se brise contre un mur de spongiosité qui trie tous les éléments à sa portée. Le joueur en est réduit à charger le briseur de garde, pour assommer le boss et maximiser les dégâts qui s'ensuivent. Les variables de cette situation se comptent sur les doigts d'une main et, honnêtement, nous ne comprenons pas pourquoi. Le jeu a continué à nous envelopper à chaque partie. Avec ces hauts et ces bas de bonheur et de mécanique. Le tout soutenu par une bande-son magnifique. En bref, Kunitsu-Gami : Path of the Goddess est un voyage mystique à travers les notes du folklore japonais. Une plongée kaléidoscopique dans les couleurs et les coutumes d'une culture fascinante qui sait offrir des moments d'immense folie. Pourtant, si tout se met en place, il restait cette pièce du puzzle avec un défaut d'usine dans notre périple qui le rendait impossible à terminer. En effet, les combats de boss nous semblaient hors normes, aussi dissonants que fascinants dans leur style. Malgré cela, sachez que Kunitsu-Gami : Path of the Goddess est une œuvre qui ne craint pas d'être elle-même et qui prouve que lorsqu'on ose voler près du soleil, on ne finit pas toujours comme Icare.
VERDICT
Kunitsu-Gami : Path of the Goddess n'est pas pour tout le monde. Il est certainement destiné aux amoureux de la culture du pays du soleil levant. Même s'il n'est pas parfait, nous tenons à souligner qu'un titre aussi courageux doit être essayé pour comprendre à quel point la liberté artistique est une valeur importante de nos jours.
Il n'est pas facile d'apporter de la nouveauté sur le marché, surtout si l'on est une grande entreprise qui tire des millions et des millions de revenus de franchises historiques. Ces dernières années, nous nous sommes habitués à ce que l'innovation soit presque toujours confiée au marché indépendant, qui, au mépris de la dynamique de l'industrie, pouvait se permettre le luxe de l'expérimentation. Lorsque ces coutumes échouent, inversant la dynamique, des projets potentiellement mémorables voient le jour. Kunitsu-Gami : Path of the Goddess s'inscrit dans cette lignée. Le titre de Capcom est un concentré d'originalité et d'expérimentation, un produit clairement pas pour tout le monde, qui cache derrière son charme kaléidoscopique, un amour spasmodique pour le folklore japonais. Kunitsu-Gami : Path of the Goddess n'est pas un jeu comme les autres. C'est un titre qui hybride des mécaniques qui peuvent être abordées dans d'autres genres, comme placer des pions sur le champ de bataille et protéger la " Tour " pour éviter d'être vaincu, mais qui, tout compte fait, ne correspond à aucun de ces genres : stratégie, tower defence, rouguelike. Kunitsu-Gami est l'histoire d'un voyage, un voyage pour nettoyer le Mont Kafuku de la corruption. Vous incarnerez Soh, la lame de la prêtresse Yoshiro, seul bastion d'une normalité perdue. Ce qui vous attend au niveau ludique, c'est un cycle de combat, de positionnement et d'amélioration des pions qui vous aideront (les habitants des différents villages) alternant avec des phases de gestion du camp, dans lesquelles vous vous améliorez, personnalisez vos compétences et réparez les bâtiments. Et si cela peut paraître peu, nous vous assurons que le voyage dans Kunitsu-Gami : Path of the Goddess est bien plus que cela. Il n'est pas possible, en 2024, de vous proposer une liste de courses classique. Malheureusement ou heureusement, Kunitsu-Gami : Path of the Goddess décide d'innover, de réinventer, de proposer et de bousculer le marché. Ainsi, décrire Kunitsu-Gami : Path of the Goddess comme n'importe quel autre titre serait réducteur du travail accompli. D'ailleurs, l'esprit de ce titre de Capcom est précisément de tenter d'être une voix hors du chœur.
La première approche de Kunitsu-Gami : Path of the Goddess s'est faite de nuit. L'une des premières nuits d'été de cet étrange période. D'après ce que nous avions vu dans les bandes-annonces, le jeu ressemblait à un hybride particulier de tower defense et d'action stylisée à la sauce Capcom. La marque de fabrique de la société japonaise était évidente, mais quelque chose ne collait pas. Le début du jeu a dissipé tout brouillard, l'incipit initial était envoûtant. Ce tourbillon de couleurs ne cessait de s'assembler en images caïdales. On se serait cru devant des mosaïques médiévales sur des rosaces anciennes. La danse de Yoshiro contrecarre le mal, les premières dynamiques narratives commencent à émerger et le jeu laisse entrevoir des bribes de folklore. Ce qui nous a frappé, ce n'est pas tant le design des monstres, démons et créatures menaçantes, mais le soin particulier apporté aux masques. Pour information, le masque a une grande importance dans la culture japonaise. En fait, depuis le 6e siècle, les rituels, les cérémonies et les uniformes incorporent des masques avec différentes significations. Kunitsu-Gami : Path of the Goddess propose la danse comme élément d'un rituel de purification, c'est pourquoi cet élément a fait l'objet d'un soin tout particulier. Le masque n'est cependant pas un simple élément de contextualisation narrative. En effet, chaque habitant a un rôle bien défini dans le gameplay et celui-ci est décidé par le joueur. Le masque n'est pas seulement une indication du rôle, passant par exemple d'un bûcheron à un archer, mais aussi un symbole du niveau du pion, devenant plus ou moins poli au fur et à mesure que l'on monte en niveau. Le sens de la communauté nous a fait réfléchir entre deux rafales de vent chaud. Nous avons terminé la soirée en pensant à la façon dont la gestion du temps dans Kunitsu-Gami : Path of the Goddess était liée à la communauté. Capcom a essayé de reproduire non seulement artistiquement, mais aussi de manière ludique la dualité entre l'oppression et la force du groupe. Le début du jeu est presque claustrophobe. Le sentiment d'oppression est en effet très fort en raison de la puissance de l'ennemi. Au fur et à mesure que le joueur progresse, débloque des pions et des compétences, le jeu devient un crescendo de possibilités et de couleurs. Danse et action, musique et couleurs.
Une danse brisée.
Il nous a fallu quelques heures pour assimiler cette idée, notamment parce que nous n'avions pas compris au départ que la réparation du village nécessitait de faire des tours de combat. Ce blocage initial nous a permis de nous concentrer sur les détails du combat. Au fond, on est poussé à faire partie intégrante du rituel, à danser au rythme de la musique. Y, Y X X, Y, Y X X, Y. Un rythme rapide qui évolue en fonction des capacités et des bonus débloqués. En comprenant la clé de décryptage du gameplay et en entrant en résonance avec la composante ludique, nous avons eu l'impression de virevolter à notre tour. Mais l'extase a été brisée. La composante boss est très particulière. Les affrontements sont uniques et originaux, mais ils rappellent à l'échelle les affrontements de Monster Hunter. Vous êtes petit et minuscule face à des monstres de taille immense. Et c'est là que Kunitsu-Gami : Path of the Goddess nous laisse perplexe. La sensation d'atteindre le climax nous a conquis, soutenu et même immergé dans un excellent unicum. Cependant, une fois le point culminant atteint, les combats de boss restent presque sans conclusion. La danse qui avait rempli les premières heures se brise contre un mur de spongiosité qui trie tous les éléments à sa portée. Le joueur en est réduit à charger le briseur de garde, pour assommer le boss et maximiser les dégâts qui s'ensuivent. Les variables de cette situation se comptent sur les doigts d'une main et, honnêtement, nous ne comprenons pas pourquoi. Le jeu a continué à nous envelopper à chaque partie. Avec ces hauts et ces bas de bonheur et de mécanique. Le tout soutenu par une bande-son magnifique. En bref, Kunitsu-Gami : Path of the Goddess est un voyage mystique à travers les notes du folklore japonais. Une plongée kaléidoscopique dans les couleurs et les coutumes d'une culture fascinante qui sait offrir des moments d'immense folie. Pourtant, si tout se met en place, il restait cette pièce du puzzle avec un défaut d'usine dans notre périple qui le rendait impossible à terminer. En effet, les combats de boss nous semblaient hors normes, aussi dissonants que fascinants dans leur style. Malgré cela, sachez que Kunitsu-Gami : Path of the Goddess est une œuvre qui ne craint pas d'être elle-même et qui prouve que lorsqu'on ose voler près du soleil, on ne finit pas toujours comme Icare.
VERDICT
Kunitsu-Gami : Path of the Goddess n'est pas pour tout le monde. Il est certainement destiné aux amoureux de la culture du pays du soleil levant. Même s'il n'est pas parfait, nous tenons à souligner qu'un titre aussi courageux doit être essayé pour comprendre à quel point la liberté artistique est une valeur importante de nos jours.