Publié le 08/06/2023 Dans PC
La lutte sanglante pour l'ascension.
Shattered Heaven nous plonge au cœur d'une histoire aux accents sombres et fantastiques, dont certaines facettes s'orientent vers un style narratif lovecraftien. Ce mélange, où aucun excès n'est perceptible entre les différents composants, aide à créer le contexte adéquat pour les différents personnages impliqués dans l'histoire, où les trois protagonistes, Andora, Ishana et Magni, se distinguent le plus. Ils participent au rituel de l'ascension, au cours duquel quatre factions s'affrontent pour escalader une imposante tour et atteindre le sommet. Elles doivent alors accomplir un geste extrême : sacrifier la vie d'une vestale pour rétablir un ordre perdu. La chute de la divinité suprême a plongé le monde dans un état de dévastation. C'est ce que l'on voit déjà dans tous les scénarios post-apocalyptiques, où les rares survivants ne vivent que de cet espoir. Un rituel sanglant qui a lieu tous les 40 ans, sans jamais se demander pourquoi cette violence induite se produit. Mais le destin a toujours de nombreuses flèches à son arc, et comme il n'y a pas de fin écrite a priori, de nombreuses batailles procédurales à affronter et autant de choix à faire, nous vous laissons le soin d'y réfléchir. La prémisse du gameplay de Shattered Heaven nous amène à considérer le travail de l'Italien Leonardo Interactive comme plutôt audacieux. Il n'est pas facile d'entrer, sans se faire remarquer, dans le monde exclusif des jeux de cartes, qui voit aujourd'hui défiler des titres du calibre de Marvel Snap, Gwent et Hearthstone. Des monstres sacrés qui semblent destinés à ne pas se laisser ébranler par un éventuel concurrent, même si certains projets sur la scène méritent tout de même qu'on s'y intéresse. Lorsque l'on tente de mélanger plusieurs genres, le risque de n'avoir ni viande ni poisson est à portée de main. Un risque contourné avec l'intelligence et l'humilité de celui qui n'a rien à perdre mais seulement à gagner.
Le gameplay de Shattered Heaven propose une série de combats générés de manière totalement procédurale par l'artifice de l'exploration d'un donjon, qui n'est autre que l'un des étages de la Tour de l'Ascension. Outre les affrontements susmentionnés (sur lesquels nous reviendrons), de nombreuses autres activités sont proposées, qui témoignent de la veine ruoliste du jeu. Entre les dialogues à choix multiples caractérisés par l'effet papillon et les raids dans les donjons, le point de rencontre reste toujours le Chatedral Equinox, une sorte de hub où l'on peut faire d'excellents achats, fabriquer des potions et faire progresser nos personnages. Si les dialogues finissent parfois par être épuisants et irréalistes (à cause des mouvements peu naturels des différents personnages qui semblent toujours respirer bruyamment dans toutes les situations), les relations entre les différents protagonistes du jeu ont suscité notre intérêt. Pas toujours et seulement "bouche-trou", mais capables de faire évoluer l'histoire et la profondeur de caractère des différents protagonistes de Shattered Heaven.
Le style italien à l'oeuvre.
Laissons pour la fin la composante la plus importante du gameplay, celle qui concerne la dynamique du jeu de cartes. Commençons tout de suite par le grand absent, un véritable système d'enchaînement qui lie les différentes capacités des cartes à des actions de cause à effet concaténées. Le choix s'est porté sur un système de tour par tour où vous avez la possibilité, à chaque tour disponible, de choisir d'attaquer l'ennemi (attaques physiques et/ou imprégnées de magie), de soigner/alimenter le personnage (également à l'aide de potions) et de vous retrancher en défense et d'augmenter votre capacité d'absorption des dégâts. Les PA disponibles décideront du nombre de mouvements et du potentiel des cartes exploitables dans le tour, dans une valse dont le rythme s'accélère à mesure que l'on approche du grand final. Le deck, par nécessité, ne peut jamais rester dans sa configuration de base, et sa construction ne peut être séparée d'une brève analyse des avantages et inconvénients de chaque carte. Rien n'est jamais laissé au hasard. La dimension artistique apportée par les esprits créatifs de Leonardo Interactive est de très haut niveau. Il s'agit de reproductions en deux dimensions, qui prennent vie lors des sessions de combat (mais sans jamais offrir d'animations spectaculaires). Une immobilité qui se perd dans la somptuosité avec laquelle les décors sont conçus, avec des dominantes chromatiques qui font penser à une dark fantasy lovecraftienne. Des couleurs sombres et peu lumineuses avec des dominantes peu "flamboyantes". Les différents donjons ne se distinguent pas par leur ampleur, il faut le noter, mais ils se présentent toujours comme originaux et seulement à de très rares occasions avec des idées " déjà vues ".
Les plus grands éloges vont au design des différents personnages et protagonistes de Shattered Heaven, original et avec ce cran que certains reconnaissent sous le terme de " cockiness ". Des petites perles de notre savoir-faire dans un contexte où, de nos jours, nous vivons de clichés et de choses déjà vues. Et de temps en temps, on le chante et on le joue. Nous savons que le développement d'un jeu vidéo entraîne de nombreux coûts nécessaires et inévitables. Comme tout projet qui se respecte, les montants sont budgétisés et des décisions doivent être prises afin d'atteindre l'objectif final de la sortie du jeu. Lorsqu'il s'agit de faire des coupes, la localisation est l'un des premiers agneaux sacrifiés, surtout dans un environnement de production de petite ou moyenne taille. Décider de ne pas traduire le jeu vidéo en plusieurs langues, en plus d'être un choix qui exclut une (large) partie du public, démontre, de manière silencieuse mais pas totalement invisible, que l'entreprise a décidé de cibler un marché de référence précis et/ou une tranche d'utilisateurs préalablement identifiée. Dans ce cas, cependant, nous nous sentons obligés de parler, aussi parce que, de la part d'une société italienne basée à Rome avec déjà deux titres actifs (qui ont eu beaucoup de succès), ce choix s'avère plutôt étrange. C'est une décision qui se répercute sur l'expérience de jeu, car la profondeur lexicale de la langue anglo-saxonne n'est pas la même que celle de la langue française, même si elle reste agréable à l'oreille.
VERDICT
Un gameplay audacieux, qui s'engage sur un chemin semé d'embûches et qui parvient malgré tout à faire mouche. La formule qui mélange jeu de cartes, RPG et roguelike s'avère intéressante, le choix de ne pas localiser le jeu en français un peu moins. Il n'en reste pas moins qu'une fois de plus, Leonardo Interactive prouve qu'il connaît son métier.
Shattered Heaven nous plonge au cœur d'une histoire aux accents sombres et fantastiques, dont certaines facettes s'orientent vers un style narratif lovecraftien. Ce mélange, où aucun excès n'est perceptible entre les différents composants, aide à créer le contexte adéquat pour les différents personnages impliqués dans l'histoire, où les trois protagonistes, Andora, Ishana et Magni, se distinguent le plus. Ils participent au rituel de l'ascension, au cours duquel quatre factions s'affrontent pour escalader une imposante tour et atteindre le sommet. Elles doivent alors accomplir un geste extrême : sacrifier la vie d'une vestale pour rétablir un ordre perdu. La chute de la divinité suprême a plongé le monde dans un état de dévastation. C'est ce que l'on voit déjà dans tous les scénarios post-apocalyptiques, où les rares survivants ne vivent que de cet espoir. Un rituel sanglant qui a lieu tous les 40 ans, sans jamais se demander pourquoi cette violence induite se produit. Mais le destin a toujours de nombreuses flèches à son arc, et comme il n'y a pas de fin écrite a priori, de nombreuses batailles procédurales à affronter et autant de choix à faire, nous vous laissons le soin d'y réfléchir. La prémisse du gameplay de Shattered Heaven nous amène à considérer le travail de l'Italien Leonardo Interactive comme plutôt audacieux. Il n'est pas facile d'entrer, sans se faire remarquer, dans le monde exclusif des jeux de cartes, qui voit aujourd'hui défiler des titres du calibre de Marvel Snap, Gwent et Hearthstone. Des monstres sacrés qui semblent destinés à ne pas se laisser ébranler par un éventuel concurrent, même si certains projets sur la scène méritent tout de même qu'on s'y intéresse. Lorsque l'on tente de mélanger plusieurs genres, le risque de n'avoir ni viande ni poisson est à portée de main. Un risque contourné avec l'intelligence et l'humilité de celui qui n'a rien à perdre mais seulement à gagner.
Le gameplay de Shattered Heaven propose une série de combats générés de manière totalement procédurale par l'artifice de l'exploration d'un donjon, qui n'est autre que l'un des étages de la Tour de l'Ascension. Outre les affrontements susmentionnés (sur lesquels nous reviendrons), de nombreuses autres activités sont proposées, qui témoignent de la veine ruoliste du jeu. Entre les dialogues à choix multiples caractérisés par l'effet papillon et les raids dans les donjons, le point de rencontre reste toujours le Chatedral Equinox, une sorte de hub où l'on peut faire d'excellents achats, fabriquer des potions et faire progresser nos personnages. Si les dialogues finissent parfois par être épuisants et irréalistes (à cause des mouvements peu naturels des différents personnages qui semblent toujours respirer bruyamment dans toutes les situations), les relations entre les différents protagonistes du jeu ont suscité notre intérêt. Pas toujours et seulement "bouche-trou", mais capables de faire évoluer l'histoire et la profondeur de caractère des différents protagonistes de Shattered Heaven.
Le style italien à l'oeuvre.
Laissons pour la fin la composante la plus importante du gameplay, celle qui concerne la dynamique du jeu de cartes. Commençons tout de suite par le grand absent, un véritable système d'enchaînement qui lie les différentes capacités des cartes à des actions de cause à effet concaténées. Le choix s'est porté sur un système de tour par tour où vous avez la possibilité, à chaque tour disponible, de choisir d'attaquer l'ennemi (attaques physiques et/ou imprégnées de magie), de soigner/alimenter le personnage (également à l'aide de potions) et de vous retrancher en défense et d'augmenter votre capacité d'absorption des dégâts. Les PA disponibles décideront du nombre de mouvements et du potentiel des cartes exploitables dans le tour, dans une valse dont le rythme s'accélère à mesure que l'on approche du grand final. Le deck, par nécessité, ne peut jamais rester dans sa configuration de base, et sa construction ne peut être séparée d'une brève analyse des avantages et inconvénients de chaque carte. Rien n'est jamais laissé au hasard. La dimension artistique apportée par les esprits créatifs de Leonardo Interactive est de très haut niveau. Il s'agit de reproductions en deux dimensions, qui prennent vie lors des sessions de combat (mais sans jamais offrir d'animations spectaculaires). Une immobilité qui se perd dans la somptuosité avec laquelle les décors sont conçus, avec des dominantes chromatiques qui font penser à une dark fantasy lovecraftienne. Des couleurs sombres et peu lumineuses avec des dominantes peu "flamboyantes". Les différents donjons ne se distinguent pas par leur ampleur, il faut le noter, mais ils se présentent toujours comme originaux et seulement à de très rares occasions avec des idées " déjà vues ".
Les plus grands éloges vont au design des différents personnages et protagonistes de Shattered Heaven, original et avec ce cran que certains reconnaissent sous le terme de " cockiness ". Des petites perles de notre savoir-faire dans un contexte où, de nos jours, nous vivons de clichés et de choses déjà vues. Et de temps en temps, on le chante et on le joue. Nous savons que le développement d'un jeu vidéo entraîne de nombreux coûts nécessaires et inévitables. Comme tout projet qui se respecte, les montants sont budgétisés et des décisions doivent être prises afin d'atteindre l'objectif final de la sortie du jeu. Lorsqu'il s'agit de faire des coupes, la localisation est l'un des premiers agneaux sacrifiés, surtout dans un environnement de production de petite ou moyenne taille. Décider de ne pas traduire le jeu vidéo en plusieurs langues, en plus d'être un choix qui exclut une (large) partie du public, démontre, de manière silencieuse mais pas totalement invisible, que l'entreprise a décidé de cibler un marché de référence précis et/ou une tranche d'utilisateurs préalablement identifiée. Dans ce cas, cependant, nous nous sentons obligés de parler, aussi parce que, de la part d'une société italienne basée à Rome avec déjà deux titres actifs (qui ont eu beaucoup de succès), ce choix s'avère plutôt étrange. C'est une décision qui se répercute sur l'expérience de jeu, car la profondeur lexicale de la langue anglo-saxonne n'est pas la même que celle de la langue française, même si elle reste agréable à l'oreille.
VERDICT
Un gameplay audacieux, qui s'engage sur un chemin semé d'embûches et qui parvient malgré tout à faire mouche. La formule qui mélange jeu de cartes, RPG et roguelike s'avère intéressante, le choix de ne pas localiser le jeu en français un peu moins. Il n'en reste pas moins qu'une fois de plus, Leonardo Interactive prouve qu'il connaît son métier.