Pour notre sixième article, nous avons eu la chance de nous entretenir avec un technicien Belgacom, un amoureux du métier si l'on peut dire et qui est heureux de pouvoir partager son amour du métier avec nous au travers de quelques questions. Loin de vouloir lancer un grand recrutement pour travailler chez Belgacom, on se demande tous parfois ce qui se passe de l'autre côté de la barrière, dans nos centraux, derrière les murs de nos caves et dans nos rues.

Place maintenant aux questions, et surtout aux réponses!

1.1. Il y a-t'il donc des techniciens autres que Belgacom dans les centraux?

Oui mais, à ma connaissance, pas des techniciens d’ ISP, ce sont plus des sous-traitants de Belgacom.

1.2. Comment se passe la cohabitation?

En général cordialement, on fait le même boulot ou presque, on s’entraide parfois.

J’ai déjà été aider des techniciens « du privé » car je voyais qu’ils avaient trop de mal chez un client.

Nous avons même parfois un technicien « du privé » en formation pratique avec nous un jour ou deux.

2.1. Que représente en gros le travail d'un technicien pour installer une ligne ADSL en dehors de chez le client?

On commence par tester le signal ADSL au niveau du montant ADSL du répartiteur téléphonique (qui correspond à la sortie du DSLAM ) avec un modem.

Ensuite on vérifie la situation technique : trouve-t-on bien le bon client au bon endroit au montant horizontal ( le central téléphonique ) et au montant de sortie ( vers le client ) ?

Le client est ensuite prévenu d’une coupure de téléphone de maximum 30 minutes.

Le cable allant du montant horizontal au montant de sortie est enlevé.

On tire alors un cable du montant horizontal au montant ADSL puis du montant ADSL au montant de sortie.

2.2. Que gagne actuellement un technicien chez Belgacom?

Les différences dûe a l’ancienneté et aux situations de famille sont trop importantes pour pouvoir parler en général. Un débutant sans personnes à charge va chercher dans les 1200 € net hors primes.

2.3. Quelle formation suivre et comment postuler?

Pour être technicien ADSL full, un graduat en informatique ou une expérience professionnelle dans le domaine est un plus.

La formation ADSL est donnée par Belgacom.

Pour les offres d’emplois : http://www.belgacom.be

2.4. Quelle impression cela fait-il de travailler dans un entreprise assez mal perçue d'une partie de la population car trop monopolistique?

Le monopole est une légende, un héritage de la RTT, bien entendu certaines images ont la vie dure et ce n’est qu’à coup de service irréprochable qu’on peut espérer améliorer notre image de marque.

Le genre humain étant ce qu’il est, les client qui perçoivent mal Belgacom s’expriment plus facilement au téléphone ou sur internet que face à un technicien et les problèmes sont rares.

2.5. Avez-vous déjà eu des anecdotes avec des clients à ce propos?

Parfois, pour un dérangement, un client versatel ou tiscali ou autres est furieux de voir Belgacom arriver car « il n’a plus rien à voir avec nous » et il faut un peu de diplomatie pour expliquer la raison de notre présence.

2.6. Qu'est ce qui est le plus difficile à gérer dans ce travail?

Un technicien n’est pas un autre, tout dépend de sa personnalité, des ses compétences, de son expérience.

Ce qui est sûr c’est qu’il ne faut pas s’attendre à ne faire que de l’informatique, je dirais que c’est la partie agréable du boulot mais que ne représente que 20% du travail total, le reste est plus physique, il n’est pas rare de ramper dans des caves ou des vides techniques, de tirer et fixer des dizaines de mètres de cable, de se faufiler dans des greniers, j’en passe et des meilleures.

Il ne faut pas non plus espérer finir tout les jours à l’heure, les heures supplémentaires sont fréquentes.

Quant à la gestion du client mécontent, parfois avec raison, avec de la diplomatie et du calme on fait des miracles.

3.1. En quoi consiste le travail de Belgacom pour installer l'ADSL à domicile?

Tout d’abord il faut savoir qu’il y a deux type d’installations :

La « télécom » où le technicien fait un test de synchro à l’arrivée Belgacom dans le bâtiment puis éventuellement place un filtre général puis, si nécessaire, tire un câble ( moyennant supplément ) jusqu’à l’endroit ou le modem doit être installé et fait un test au point de raccordement du modem.

La « full » où en plus le technicien est chargé d’installer et configurer le modem et de configurer le(s) PC(s), y compris la configuration d’un programme d’ e-mail.

3.2. N'est-ce pas compliqué d'installer l'ADSL sur des machines parfois mal en point?

Parfois les clients, débutants en informatique ou mal informés, ont vraiment du vieux matériel … nous vérifions si les pré requis sont remplis et dans la négative nous expliquons au client pourquoi notre travail est impossible.

Nous avons une checklist à effectuer avant tout travail sur l’ordinateur du client et si l’ordinateur présente des symptômes de conflits matériel, de gros plantages software ou d’infection virale, le client est averti et signe une décharge. Le client est invité à consulter un professionnel de l’informatique avant de rappeler nos services.

3.3. Le client n'essaie-t-il jamais de profiter de la présence d'un informaticien à son domicile pour tenter de tout faire réparer?

Bien sûr que si, même si nous ne définissons pas réellement comme « informaticien ».

Là c’est un peu à l’appréciation du technicien : si le travail ne demande que quelques minutes, ne présente aucun risque et qu’on est dans les temps pour le client suivant, pourquoi pas ? il s’agit souvent d’une petite config windows ou d’un modem interne que le client souhaite enlever … mais pas question de réparer une « épave ».

3.4. Belgacom configure-t-il du matériel (modems/routeurs) qu'il n'aurait pas vendu?

En théorie : NON

En pratique : Si le technicien est sûr de lui et qu’il peut essayer sans perdre de temps, pourquoi pas ? Ne perdez pas de vue que nous sommes des passionnés d’informatique ( je parle bien des techniciens full ) et qu’il est toujours intéressant de découvrir de nouveaux modems. En cas de difficultés , le client sera orienté vers sont revendeur.

4.1. Une chance de redevenir leader un jour ou la concurrence est-elle trop rude en France?

Un pays n’est pas l’autre, nos collègues français, vu le nombre de client, peuvent faire des économies d’échelles que nous ne pouvons pas espérer.

Les réglementations et régulations ne sont pas non plus comparables.

4.2. Une chance de revoir un jour un abonnement sans quota chez nous? Viable?

NON, même les ISP qui proposent ces soit disant abonnements illimités chassent les clients « abuseurs » en utilisant des notions plutôt vague dans leurs contrats.

La bande passante, ça coûte ! les gros backbones provider ne sont pas des ASBL !

4.3. Une vision personnelle sur l'évolution du marché des connexions Internet en Belgique?

Ce n’est plus tellement le produit ADSL qui fera la différence mais les services proposés derrières : IDTV, téléchargements légaux, …

Le développement du réseau fibre optique permettra une VDSL auprès de plus de client avec encore plus de services possible vu la vitesse possible.

4.4. Conclusion

Les propos tenus par notre interlocuteur sont évidements des propos personnels et il va de soit qu'il ne parle évidemment pas au nom de Belgacom et n'y engage donc pas sa responsabilité.

Néanmoins, on espère que vous apprécierez cette petite incursion dans la vie de ceux qui se cachent dans la pénombre de nos centraux et qui font de leur mieux chaque jour pour que nous puissions profiter de ce formidable outil qu'est Internet en ne bougeant pas de notre chaise.

Merci beaucoup à Bugs pour son temps précieux et son aide à la rédaction de cet article!