Chez Apple, chaque année voit traditionnellement arriver les mise à jour des suites maisons, les biens connues iLife et iWork. Voici que débarquent, encore chaudes, les moutures '09 des logiciels de la pomme. Au menu, une pincée de nouveautés pour iPhoto, une petite évolution pour Garageband, une mise à jour fort attendue d'iMovie, et une mise à niveau bienvenue pour Pages, Numbers et Keynote. Vous êtes prêts ? Début de la visite ! Dans cet article, nous nous pencherons sur le cas iLife.

iMovie

Avec iMovie '08, Apple avait introduit une nouvelle philosophie de montage vidéo, loin de la traditionnelle ligne de temps chère à l'édition non-linéaire. Cette nouvelle disposition, assez inhabituelle, affichait les clips à la suite les uns des autres, sur plusieurs lignes, comme les mots d'un texte. Bien que déroutante, cette réinvention du logiciel de montage s'était montrée rapidement très simple à maîtriser, offrant un excellent compromis rapidité/productivité. iMovie '09 reprend donc l'interface générale de la version 08, et y ajoute les quelques fonctions clés qui faisaient défaut à son prédécesseur.



Le principal défaut d'iMovie '08 résidait dans ses options de montage extrêmement limitées. Il était certes très simple de piocher dans sa bibliothèque de vidéos pour y glisser/déposer des clips, mais c'était à peu près tout ce qu'il était possible de faire ; bref, du montage réduit à sa plus simple expression. iMovie '09 corrige le tir avec l'ajout d'un menu contextuel s'affichant lorsque vous déposez votre clip sur la table de montage. Vous aurez alors la possibilité d'effectuer une insertion (pleine, image dans l'image, en incrustation, etc.), un remplacement, ou encore d'insérer uniquement la bande-son. Une autre nouveauté vous permettra de déterminer avec beaucoup de précision les points de coupe audio et vidéo d'une séquence. La gestion du son, enfin, a fait l'objet de quelques aménagements, et il est désormais possible de poser (toujours manuellement, hélas, il n'est pas encore question de détection automatique) des marqueurs sur une piste-son pour la synchroniser en rythme avec une séquence vidéo ou une succession de photos.





iMovie '09 offre évidemment son lot de transitions, d'effets et de filtres. Bien entendu, rien que de très basique ici : fondus, recadrage, étalonnage de couleurs, ajustement de contraste et de luminosité, éditeur de titres des plus simples… Pas de quoi rivaliser avec un Premiere Pro ou un Final Cut. A noter cependant, le retour des thèmes qui permettent d'ajouter automatiquement des transitions et des titres à un montage selon des styles prédéfinis, comme par exemple pour déguiser votre film de vacances avec des cartes animées façon Indiana Jones. Effet fun garanti !





Une nouveauté retient néanmoins l'attention : la stabilisation automatique des séquences. Cette fonction se propose de minimiser, lors de l'acquisition, vos tremblements, spasmes et soubresauts pour transformer votre prise de vue à la " Cloverfield " en plan Steadycam. En pratique, le logiciel repère des points de références communs à plusieurs endroits-clés de la séquence et applique divers filtres et zooms pour réduire les mouvements erratiques de la camera. Mais cela a un prix, et pas des moindres : pour profiter de cette sympathique possibilité, il vous faudra patienter… Jusqu'à dix fois la durée de la séquence à étalonner. Autant dire qu'on privilégiera les prises de vues sur trépied !






Avec la version '09, iMovie revient au niveau de la concurrence. Bien qu'encore en retrait par rapport à un Premiere Elements ou un Vegas, la nouvelle mouture comble pas mal de manques en termes de fonctionnalités et d'intuitivité. La précision accrue, l'amélioration de la prise en main, les transitions et thèmes en nombre satisfaisant en font un outil efficace, mais qui n'arrive cependant pas à se départir pas d'une certaine lourdeur, surtout perceptible lorsqu'on travaille sur des fichiers HD. Et surtout, on regrettera le support toujours anecdotique du format AVCHD, déjà source de récriminations dans la version précédente, et toujours pas totalement implémenté. Dommage.

Longtemps considéré comme la cinquième roue du carrosse dans la suite, GarageBand a fait son petit bonhomme de chemin pour devenir aujourd'hui un logiciel de création musicale à part entière, complet et bien pensé, tout en restant très simple d'emploi. Pour ceux qui l'auraient oublié, Apple a toujours entretenu une relation particulière avec le monde de la musique ; en effet, depuis de nombreuses années, le Mac a eu une place de choix dans les home-studios et studios professionnels du monde entier, et les plus âgés d'entre nous se rappelleront avec nostalgie la rivalité que les ordinateurs de la pomme entretenaient avec leur ennemi juré de l'époque, l'Atari ST. Ah, époque bénie… Mais je m'égare. Revenons à nos moutons.





GarageBand '09 ne subit pas de révolution majeure dans son interface, mais accueille néanmoins quelques améliorations qui le rendent encore plus accessible. Dès le lancement du logiciel, un assistant vient vous propose différents types de projets, correspondant à des réglages prédéfinis de pistes, de voix et d'effets, selon que l'on travaillera avec des instruments live, avec des échantillons ou avec les deux. Autant de temps de gagné sur le paramétrage obligatoire. On notera également l'arrivée d'un nouveau type de piste dédié aux instruments à corde (guitare et basse).






Une autre grosse évolution se retrouve dans les propriétés associées aux pistes audio ou midi : une nouvelle présentation plus claire et plus simple. Il est désormais très aisé de basculer entre paramètres des instruments (pour les pistes midi) ou des échantillons (pour les pistes audio) et le panneau des effets, toujours aussi bien fourni. On remarquera également le soin tout particulier - tant visuel que fonctionnel - apporté aux simulateurs d'amplis et de pédales pour les pistes de guitares et de basses.





Mais la vraie nouveauté qu'offre GarageBand est toute autre, et change radicalement l'utilisation que vous pourrez avoir du logiciel. Le petit génie musical de la suite Apple se propose maintenant de devenir votre professeur de musique, pour peu que vous jouiez du piano ou de la guitare (si vous êtes plutôt trombone à coulisse, vous pouvez sauter ce paragraphe). Et force est de constater que l'idée est plutôt bien mise en pratique ! Vous accédez à tout un panel de leçons pour votre instrument favori, et vous progressez en assistant aux cours dispensés dans des séquences vidéo filmées en HD. Ces séquences sont synchronisées avec les morceaux présentés, et lorsque votre prof virtuel joue " Hey Jude " sur son piano, la partition défile au battement près sur votre écran. Mieux encore, vous pouvez intervenir à tout moment, jouer la partie de votre choix (main gauche, main droite) ou répéter à l'envi tel ou tel passage difficile. Neuf cours de base gratuits sont ainsi disponibles pour chaque instrument (dont huit à télécharger, chacun pesant tout de même la bagatelle de 300 à 500 MB, vidéo HD oblige), mais Apple a également pensé à nos portefeuilles et propose des cours évolués (et payants) dispensés par des célébrités de la musique comme Sting ou Norah Jones. Et l'exercice devient franchement jouissif quand vous vous retrouvez faisant partie d'un groupe et que vous pouvez y reprendre la partition que vous désirez (clavier, guitare, ou même chant !).





Toutes ces évolutions et ces innovations font de GarageBand un outil vraiment sympathique à utiliser avec un minimum d'investissement matériel. En effet, il vous suffira de disposer d'un simple clavier-maître USB pour pouvoir déchaîner vos talents cachés de compositeurs, et peut-être devenir le prochain Vangelis. Certes moins complet que son grand frère Logic Audio (mais ne visant certes pas le même public), il n'en demeure pas moins un acteur unique dans le petit monde de la MAO, car totalement dénué de concurrent direct, y compris sur PC où il faut d'entrée de jeu se mettre au niveau d'un Reason ou d'un Ableton Live pour trouver un équivalent de qualité.

La première pensée qui vient à l'esprit quand on découvre la nouvelle version d'iPhoto, c'est un parallèle avec Picasa, récemment débarqué sur Mac. Jusqu'à aujourd'hui, iPhoto constituait l'unique option " grand public "disponible sur la plateforme de la pomme pour qui désirait gérer et classer ses photos. Or, il est amusant de constater que les dernières évolutions du logiciel coïncident furieusement avec des fonctionnalités apparues il y a plus de six mois sur le logiciel de Google… Et sous Windows, qui plus est ! L'arrivée du trublion Picasa dans l'univers aseptisé et tranquille d'Apple ne pouvait que faire réagir le géant de Cupertino.



Première évolution notable par rapport à la version '08, l'apparition de deux nouveaux critères de classement : " Faces " et " Places ". Complétant " Events ", qui regroupait les photos par date de prise de vue, ces vues supplémentaires se basent sur une reconnaissance faciale pour " Faces ", et sur l'exploitation des données de géolocalisation pour " Places ". Une fois de plus, la comparaison avec Picasa s'impose d'elle-même, car tant " Events " que " Faces " et " Places " ont leurs équivalents chez Google depuis belle lurette. Néanmoins, l'implémentation est plus poussée chez Apple, et permet à iPhoto de soutenir sans rougir la comparaison avec son rival.



Concrètement, la barre d'outils associée à l'affichage des photos se voit dotée d'un nouveau bouton " Name " qui active la détection des visages présents dans la photo. La reconnaissance fonctionnera de préférence avec les clichés bien contrastés, pris de face. Au cas où aucun visage ne serait détecté, il vous sera toujours loisible de délimiter manuellement les visages présents, comme vous le feriez sous Facebook. En associant un visage à un nom, iPhoto vous permet ainsi de regrouper vos images par personne et d'opérer des recherches plus intuitives. L'indexation se fait en tâche de fond, mais tend à ralentir la machine si la bibliothèque comporte un grand nombre de photos.



Quand à l'autre nouveau mode d'organisation des photos, " Places ", il exploite comme nous l'avons dit les données de géolocalisation générées par certains appareils photos, téléphones portables ou smartphones doté d'une puce GPS. La mise en pratique est amusante : en basculant en vue " Places ", iPhoto affichera une carte géographique et la parsèmera d'indicateurs correspondant aux coordonnées reconnues. Et comme pour " Faces ", si une photo n'est pas geotaggée, vous pouvez manuellement préciser l'emplacement de la prise de vue pour qu'elle soit correctement reportée sur la carte. Détail amusant : la cartographie est signée Google Maps !



Pour le reste, iPhoto apporte son lot de modifications mineures, comme l'ouverture à certains réseaux sociaux (Flickr et Facebook) avec le support de la reconnaissance faciale (qui fonctionne, pour Facebook, dans les deux sens : une photo postée à partir d'iPhoto et taggée sur Facebook sera automatiquement mise à jour sous iPhoto également), un mode diaporama plus intuitif avec de nouvelles transitions, de nouveaux thèmes et le support des effets Ken Burns, et quelques améliorations sur les outils de retouche.



Au final, iPhoto '09 laisse une bonne impression, même si le logiciel reste parfois lourd à manipuler et souffre immanquablement de la comparaison avec Picasa, bien plus léger et réactif. Mais tant l'arrivée des vues " Faces " et " Places " que l'ouverture à Facebook devraient sans nul doute conforter sa position de premier choix chez les aficionados de la pomme.

iWeb

Très peu à dire sur la dernière mouture du logiciel de création web de la suite. Les rares corrections nous ont paru trop anecdotiques pour que l'on s'y attache en détail. Nous nous bornerons donc à citer, pêle-mêle, l'intégration avec Facebook, l'apparition de quelques nouveaux widgets (Youtube, flux RSS) et la prise en charge (enfin !) du protocole FTP. Mais cela mis à part, rien de très conséquent à se mettre sous la dent. On aurait au moins aimé une optimisation du moteur de code, dont l'amateurisme arrachera des cris d'effroi aux fanatiques du W3C et reverra bon nombre de webdesigners aux bons souvenirs des codes hérétiques produits par FrontPage…





iDVD

Ici, c'est encore plus flagrant : iDVD '09 est totalement identique à la version 08. Aucun changement, fût-il d'ordre cosmétique, à l'horizon. C'est d'autant plus navrant que ce logiciel reste, pour beaucoup d'utilisateurs, la solution d'authoring DVD privilégiée de par sa facilité et sa simplicité. Peut-être Apple a-t'il trop investit dans iPhoto et iMovie que pour consacrer quelque effort au reste des éléments de sa suite ? Réponse l'année prochaine pour iLife 10.



Conclusion

Alors, faut-il mettre à jour votre version d'iLife ? Pour les inconditionnels, ceux qui ne jurent que par le géant de Cupertino et qui prient tous les soirs pour le rétablissement de Saint Steve, la question ne se posera pas. Ce sera oui, sans conditions. Pour tous les autres, la question se posera avec infiniment plus de nuances. Bien qu'iPhoto, iMovie et GarageBand bénéficient tous les trois d'améliorations suffisamment nombreuses et importantes que pour justifier une mise à jour, il ne faut pas perdre de vue le fait que seules trois applications sur les cinq ont été retravaillées. Les rares aménagements d'iWeb feront difficilement illusion, et nous ne reparlerons même pas du cas d'iDVD. En outre, l'intérêt premier d'iPhoto, véritable star de la suite, se trouve sérieusement atténué depuis l'arrivée de Picasa sur Mac. Restent iMovie et Garageband, mais pèseront-ils d'un poids suffisant dans la balance lors de la décision ? Notre conseil, s'il vous en faut un, serait d'attendre de renouveler votre matériel pour bénéficier des dernières versions.

A partir du 1er mars, tous les macs seront livrés avec la version 2009 d'iLife. Pour les autres, la mise à jour est d'ores et déjà disponible au prix de 79€.