De la dévotion du journaliste à son lectorat
Il fait beau, c'est le printemps, les oiseaux chantent et le soleil brille. Non, on ne vous (re-)fera plus le
running gag du pauvre journaliste obligé de se terrer dans sa cave pour vous apporter la substantifique moelle de l'information pendant que d'autres se vautrent dans le
Carpe Diem, les barbecues et les jolies filles peu vêtues (quoique...). Mais il faut avouer que la météo était parfaite pour prendre en main le dernier-né des caméscopes HD Panasonic, le HDC-SD900. Caméra, lumière, action !
Avec son dernier bébé, le constructeur tire sa gamme vers le haut. Ce n'est pas une surprise, tant la concurrence est rude sur le segment des caméscopes HD. Le SD900 concentre donc dans un volume étonnamment réduit un nombre impressionnant de technologies. Qu'on en juge : 3 capteurs MOS (totalisant 9.15 mégapixels), une optique Leica Dicomar, un stabilisateur optique performant, une bague manuelle de réglages pour la mise au point et le zoom, un viseur étirable (mais hélas pas orientable), une griffe porte-accessoires (sur laquelle on installera par exemple une torche ou un micro plus puissant), le tout au service de nombreux modes de prise de vue et d'une excellente qualité d'image.
La version que nous avons eue entre les mains enregistre sur carte SDXC (compatible avec les SD et les SDHC), ce qui permet d'atteindre mais à quel prix ?) la capacité respectable de 128GB. Deux autres modèles sont disponibles : le TM900, qui embarque une mémoire "fixe" de 32GB, et le HS900, qui lui opte pour un disque dur de 220GB (mais qui dit pièces mobiles dit également nuisances sonores et autonomie réduite).
Du bon, du très bon, et du "un peu moins bon"
Le SD900 est alimenté par une batterie placée à l'arrière de l'appareil, et son extraction obligera à ouvrir l'écran. En outre, il faut noter que Panasonic a abandonné la solution du chargeur externe : désormais, celui-ci est solidaire du caméscope, comme chez les autres fabricants. Désormais, l'utilisateur sera obligé de charger la batterie directement sur le caméscope, ce qui l'empêchera de filmer avec une batterie pendant qu'il en recharge une autre. Dommage.
L'écran, quand à lui, affiche une diagonale de 3,5" et une résolution de 460.000 pixels, et est évidemment tactile. Rien à redire sur son angle de vision, il est satisfaisant sans être exceptionnel. L'ouverture de l'écran déclenchera l'allumage de l'appareil en un peu moins de 2 secondes. Le viseur, lui, affiche une résolution de 123.000 pixels, mais n'est hélas pas orientable. Nous dirons qu'il a le mérite d'exister...
C'est toujours derrière l'écran qu'on retrouve l'essentiel de la connectique : le slot de la carte SD, la prise mini-HDMI, le connecteur micro-USB et la traditionnelle prise vidéo multi-usage, qui rassemble au bout d'un seul cordon tous les connecteurs composite et composante.
L'un des points forts de ce caméscope est sa bague manuelle. Celle-ci, située en cerclage de l'objectif (là où Sony préfère une molette séparée), est hélas desservie par son emplacement même. En effet, il nous est rapidement apparu que la manipulation de cette bague entraînait des bruits parasites dans les microphones situés juste à quelques millimètres. En pratique, il vous faudra des doigts pas trop gros pour éviter de frotter les grilles du micro quand vous réglerez manuellement la profondeur de champ, le zoom ou la mise au point. Dommage, une fois de plus.
Le micro, puisque nous en parlons, est de type 5.1 cardioïde asservi au focus et au zoom. Dans l'absolu, on notera peu de changement par rapports à la très bonne électronique qui équipait déjà la génération précédente (la SD700) ; un filtre coupe-vent vient en appui, et on dispose toujours d'un réglage manuel offrant de moduler les niveaux sonores sur une échelle allant de -30 à + 6 dB. Hélas (encore une fois), le petit ventilateur interne destiné à refroidir les composants se fait parfois entendre, surtout lorsque l'on utilise le mode surround 5.1.
Les goûts et les couleurs
Le cœur de la série x900 est donc une architecture tri-MOS couplé à une optique Leica Dicomar à f/1,5. Sur le plan colorimétrique, les trois capteurs produisent des tons vifs et bien équilibrés, ni trop chauds ni trop froids, et offrent une balance des blancs très réactive aux changements d'ambiance - le seul point faible restant la sensibilité en basse lumière. Le résultat global reste tout de même très bon et permet de filmer des images correctes dans (presque) toutes les circonstances. L'objectif démarre sur un grand-angle de 35 mm avec un zoom 12x qui se traduit par un angle de champ assez large. Le stabilisateur d'image optique est en revanche à couper le souffle puisque l'image reste quasiment fixe en zoom.
Au niveau de l'enregistrement proprement dit, le SD900 utilise évidemment le standard AVCHD, mais se contente étonnement d'un débit de 17 Mbps là où la norme s'établit généralement à 24 Mbps. Cela n'empêche le piqué d'image en 1080i de surpasser de loin la concurrence, surtout avec le mode 1080/50p (mais utilisant cette fois un débit de 28 Mbps qui risquera de poser des problèmes lors du montage).
Pour piloter tout ce petit monde, le SD900 intègre un système de menu très (trop ?) complet. On regrettera que la profusion des options et réglages disponibles rendent la manipulation souvent laborieuse. Sur ce point, il semblerait que les ingénieurs de Panasonic aient des leçons à apprendre des autres acteurs du marché.
Mes chaussettes en 3D !
"Et la 3D ?", nous direz-vous ! Et vous aurez raison. Aujourd'hui, un appareil électronique ne peut être considéré comme "sérieux" s'il n'arbore pas fièrement quelque fonctionnalité 3D. La preuve en est la magnifique gamme de lave-linges 3D du même constructeur. Mais nous nous égarons...
Panasonic a fait un choix audacieux et intelligent : celui de l'optique adaptable. Plutôt que de développer un modèle entièrement dédié à la troisième dimension, comme l'a fait Sony, le constructeur a préféré développer un module externe qui vient se greffer (en fait, se visser - parfois péniblement, l'ajustement n'était pas des plus faciles) sur l'optique du caméscope. L'engin porte le doux nom de VW-CLT1 et contient tout simplement... deux lentilles séparées, qui vont générer au final une deux images de 960 x 1080 pixels, qui seront au final combinées sur la carte SD en une seule image Full HD de type SBS (Side-By-Side), à charge du téléviseurs et des lunettes de faire le travail pour restituer l'effet initial. Cette optique n'est en fait "que" celle du SDT750, que Panasonic vend séparée pour l'occasion à un peu plus de 300€. Nous avons trouvé l'idée de proposer la 3D en option plutôt astucieuse. En effet, ce type de film reste encore marginal et le résultat n'est pas forcément à la hauteur des espérances qu'il suscite, la faute à une mauvaise compréhension de la part du public des contraintes inhérentes à la capture en 3D (pas de zoom, luminosité réduite, etc.).
Préalablement à chaque utilisation (en fait, à chaque fois que vous revissez l'adaptateur 3D), vous devrez passer par une phase de calibrage de la lentille au moyen d'un menu dédié qui vous guidera pas à pas. Le calibrage proprement dit s'effectue à l'aide de trois molettes qui ajustent chaque axe de prise de vues.
Filmer en 3D, comme nous l'avons dit plus haut, impose certaines contraintes. A commencer par l'ouverture du diaphragme qui passe de f/1,5 à f/3,3 - la mise au point est plus facile avec une ouverture plus petite. Ensuite, cela se traduit par une luminosité revue (nettement) à la baisse (en pratique, on passe d'un seuil de 3 lux en 2D à 28 lux en 3D !). Enfin, la focale grand-angle en équivalent 24x36 passe de 35mm en 2D à 58mm en 3D, ce qui donne un angle de champ très étroit. Le piqué de l'image reste excellent, tout comme les tons de couleurs et la balance des blancs.
Clap de fin
Alors, au final, que faut-il retenir de cette série x900 ? Au chapitre des points forts, citons pêle-mêle : une qualité d'image exceptionnelle, des couleurs fidèles, un piqué remarquable, une stabilisation qui nous a réellement bluffé, une optique robuste et une prise en main aisée. Du côté des points faibles, on s'arrêtera sur la complexité et la trop grande richesse des menus, sur le fonctionnement perfectible de la bague de commande manuelle, sur le bruit de ventilateur audible dans certaines circonstances et sur l'absence de chargeur séparé. Nous ne poserons pas encore de jugement de valeur sur la lentille séparée VW-CLT1, la technologie n'étant à notre goût pas encore assez mature. Disons qu'elle a, tout comme l'anecdotique viseur rétractable, le mérite d'exister pour vous permettre d'immortaliser les premiers pas (ou gamelles, c'est selon) de votre progéniture (ou de votre chien, de votre chat, de votre poisson rouge) en 3D, mais qu'elle risque d'être rapidement détrônée par des modèles ultérieurs qui embarqueront des raffinements supplémentaires (compensation de sensibilité, zooms synchronisés, etc.).
Nous conclurons donc ce petit tour du propriétaire en vous rappelant que la Panasonic HDC-SD900 est disponible pour un prix moyen de 1.000€ dans toutes les bonnes boucheries du Royaume !