Il était une fois.
Lancé en 1992, Wolfenstein 3D est le jeu qui a initié un genre, celui du jeu de tir à la première personne, plus communément connu sous le terme FPS. Ce nouveau volet sobrement intitulé Wolfenstein II : The New Colossus fait suite à The Old Blood publié il y a plus de deux ans, et propose une narration efficace ainsi qu'un rythme de jeu assez soutenu. On y incarne toujours B.J. Blazkowicz, un agent d'élite de l'OSA, le bureau des actions secrètes, mais dans une uchronie. L'intrigue débute cette fois en 1961 et le IIIème Reich a remporté la Seconde Guerre Mondiale. Laissé pour mort dans le précédent opus, Blazkowicz sort enfin d'un long coma et il tente de se remettre de ses blessures à bord du Marteau d'Eva, un sous-marin dérobé aux Nazis qui fait office de refuge pour la Résistance. Cette phase de réveil sera l'occasion de replonger pour quelques minutes dans la jeunesse du personnage, mais aussi d'orienter ses souvenirs. Un de ses amis, Wyatt ou Fergus, pourra être sauvé, l'autre sera sauvagement exécuté. Ce choix n'est pas anodin car il conduira à la création de deux lignes temporels différentes, et donc à des changements profonds dans la trame. A la surface, l'assassinat du général dit "Le Boucher" n'aura finalement été qu'un feu de paille. Wolfenstein II nous présente une vision de la société américaine régit par l'Axe. Les Nazis se sont réappropriés la culture américaine en lui injectant ses idéaux suprémacistes, et investissent les émissions comiques américaines, les transformant en de puissants outils de propagande. Quand à Blazkowicz, il n'est plus que l'ombre de lui-même, se déplaçant désormais en chaise roulante au sein d'un sous-marin inquiétant mais qu'il faudra explorer à la recherche d'indices permettant de mener à bien les missions. Mais le héros est pourchassé par Frau Engel, qu'il a défiguré dans le passé, et il faudra se montrer inventif pour éliminer la menace, le personnage n'ayant plus la vitesse de réaction des deux volumes précédents ... sauf que cet handicap ne durera qu'un temps. En effet, la technologie a évolué beaucoup plus rapidement que dans notre réalité, et Blazkowicz récupérera un exosquelette lui permettant de retrouver toute sa mobilité. Si Frau Engel se révèlera encore plus sadique que Le Boucher, sa fille Sigrun refusera de décapiter Caroline Becker, la leader de la Résistance, et se joindra à votre lutte.
Développé par Machine Games, un studio fondé par des anciens de Starbreeze, Wolfenstein II : The New Colossus ne fait clairement pas dans la dentelle, et joue avec les clichés. On retrouve toutefois une once de modernisme avec un simili arbre de compétences regroupant les atouts de Blazkowicz, des améliorations qui se débloquent lorsque vous atteignez certains objectifs. Que vous choisissiez la discrétion pure et dure ou encore le bourrinage total, votre manière de jouer a un impact sur les atouts que vous obtiendrez. Le bestiaire ennemi ne manque pas d'audace, car les expériences contre-nature se sont multipliées ces dernières années. Outre les classiques Nazis, vous croiserez des super-soldats presque dignes d'un Terminator (!). Les armes sont en nombre limité (couteau, pistolet, fusil, etc), et ne bénéficient pas d'un grand réalisme. Il est possible de s'équiper de deux armes lourdes, une qui restera dans l'inventaire, l'autre que vous récupérez sur les cadavres des Nazis. Parmi elles, le Laserkraftwerk, un laser surpuissant qui peut désintégrer certaines portes en métal ou des caisses d'équipement, mais aussi le Dieselkraftwerk, un lance-grenade pneumatique plutôt efficace pour tout défoncer. En revanche, les ennemis n'auront pas toujours de munitions sur eux, obligeant à recharger à des endroits très précis. L'intelligence artificielle n'est pas toujours très pertinente. Chaque niveau vous obligera à suivre des objectifs très rigides et nécessaires à la continuation, même si le monde est plus ouvert qu'auparavant et il arrive que l'on reste bloqué car un script ne s'est pas enclenché comme il aurait du. La campagne occupera environ douze heures, sans compter que Wolfenstein II : The New Colossus s'avère plus facile que ne l'était The New Order.
Une réalisation en progression.
Sur le plan technique, Wolfenstein II : The New Colossus marque une évolution sensible depuis son prédécesseur. Le graphisme est plutôt coloré, les décors sont superbes, la direction artistique apparaît assez soignée, les effets lumineux s'avèrent bien gérés, en revanche certains environnements sont inutilement ouverts obligeant à faire de longs détours pour gagner sa destination. Notons que le jeu profite d'une compatibilité avec la PS4 Pro pour afficher une résolution de 1440p. Bien sur, il est possible de jouer directement sur la PlayStation Vita grâce à la fonctionnalité Remote Play. L'animation s'avère très fluide, tournant à 60 images par seconde de manière très stable. FPS arcade jusqu'au bout, Wolfenstein II ne possède pas de barre de vie se restaurant automatiquement, et il faudra donc recourir aux classiques medikits. La jouabilité se montre facile d'accès, et reprend un concept proche des précédents opus. Rien n'a d'ailleurs véritablement changé depuis The New Order.
La progression est répartie sur onze niveaux assez longs, sachant qu'un douzième (Riverside) est à déverrouiller. Plusieurs séquences peuvent être accomplies de plusieurs façons différentes, ce qui poussera sans doute certains joueurs à refaire plusieurs fois la partie, sachant qu'en plus de nombreux trésors sont d'ailleurs dissimulées dans l'environnement. La bande son est pour le moins nerveuse, et les doublages ne manquent pas d'humour. Malgré le changement de voix pour Blazko (Patrick Poivey remplaçant Patrick Béthune), l'adaptation française s'en sort avec les honneurs et les problèmes de mixages audio du précédent épisode ont été résolus. Ce jeu de tir propose un divertissement à la fois trépidant et intelligent, car en plus d'y afficher des phases dynamiques et décomplexées, le titre de Machine Games a l'intelligence d'intégrer une trame à la fois amusante et pleine de sens.
VERDICT
Wolfenstein II : The New Colossus a conservé la même ossature que The New Order, mais promet une meilleure réalisation, un scénario trépident et des affrontements encore plus dynamiques. Un FPS old school certes jonché de clichés, mais aussi un excellent défouloir.